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DominaHistoria
25 novembre 2012

"La chambre" de F. Chandernagor

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La chambre représente l'endroit dans lequel un petit garçon va vivre pendant des années, seul dans la crasse, le froid, l'humidité et le manque de lumière. Ce petit garçon qui avait été choyé pendant ses premières années, qui était l'attention de tous, va se retrouver négligé, va perdre de la santé  n'ayant plus aucun lien avec sa famille.

Cet enfant se rapelle sa vie d'avant. Son père qui l'instruisait, sa mère qui le dorlotait, sa grande soeur avec qui il jouait et toute une Cour qui ployait devant lui. Puis la Révolution arrive. Sa famille est enfermée au Temple. Mais lui ne se rend compte de rien, il est encore avec eux. Ils ont encore un train de vie raisonnable. Mais voilà que le Père est tué. C'est le début de la chute. On arrache l'enfant à sa famille. Sa mère et sa tante bataillent pour le garder mais en vain. Puis c'est au tour de la mère de mourir, puis la tante.

L'enfant n'a plus de contacts qu'avec ses bourreaux ordinaires. Ces gens du peuple qui pensant bien faire, ont tué à petit feu cet enfant. Et lui, le pauvre être n'ayant plus qu'eux, va vouloir devenir leur ami. Il va commencer à parler comme eux, il va même jusqu'à accuser sa mère et sa tante de l'avoir forcer à faire des choses impudiques. L'enfant ne se rend pas compte du mal qu'il fait. Il veut juste se faire aimer ce gosse qui vit dans à peine 10 m2 de saleté.

S'il savait qu'au dessus de lui vivait sa soeur dans des conditions dignes de son rang, s'il savait que sa mère et sa tante ont été guillotinées, s'il savait que plus personne dans les cours royales ne voulaient de lui, s'il savait qu'il était devenu embarrassant pour la Révolution. 

Son corps et son esprit ne peuvent plus lutter et il mourra comme un chien des rues, seul dans le froid et le noir.
Ce pauvre enfant comme vous l'avez deviné est Louis XVII, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

 

J'ai vraiment apprécié ce livre. L'auteur a pris le parti de ne pas dévoiler l'identité des personnages au départ, mais au fur et à mesure de la lecture. Je trouve qu'elle a superbemment réussi à se mettre dans la peau de ce pauvre garçon. Elle arrive bien à décrire ce que pouvez être sa décripitude mentale, mais aussi physique. Elle s'est d'ailleurs renseignée auprès de pédopsychiatres. On voit cet enfant qui perd petit à petit tout lien social et va se rattacher comme il peut aux seules personnes qu'il voit. Il veut faire au mieux pour s'en faire apprécier. Il va chanter des chansons grivoises sous les fenêtres de sa mère qui vit à l'étage au dessus, il va l'accuser d'inceste...Puis petit à petit, il va se refermer et va comme perdre l'usage de la parole. Il régresse car il n'a plus aucune stimulation intellectuelle. C'est pour ça que certains témoins de la fin diront qu'il était débile. Ce n'était pas le cas, mais les conditions inhumaines l'ont rendu amorphe ! 

Et puis il y a les témoins de cette vie misérable : les bourreaux ordinaires et une lavandière.
D'abord la lavandière. Elle est la meilleure dans son domaine et on lui demande de se charger d'un linge bien particulier. Elle ne sait pas que c'est la famille Capet qui vient d'être enfermée au temple. Elle raconte que le linge est beau et fin. Elle se rend compte qu'il y a un père, une mère, une autre femme et 2 jeunes enfants. Elle voit que se sont des gens habitués au luxe car il se change complétement tous les jours. Puis elle voit qu'il manque les habits du père. Puis elle voit que les vêtements viennent moins souvent et que ceux du garçon sont de plus en plus sale. Puis elle n'a plus les vêtements de l'enfant. Elle prévoit qu'un grand malheur a touché cette famille. A aucun moment, elle ne pensera à la famille royale. Elle va en parler à sa patronne qui va lui demander de s'occuper de ses affaires. Elle ne parlera plus jamais du petit garçon mais elle ne l'oubliera jamais ! 
Et ensuite, les bourreaux, ceux qui croyant bien faire, ont fait de la vie de garçon un véritable enfer : les gardiens, les envoyés du conseil révolutionnaire, les médecins ...
Les gardiens et les envoyés révolutionnaires qui l'ont acculé à toujours moins de confort pour se faire bien voir. Il y a bien eu des exceptions mais le mal était déjà trop profondément ancré. Les médecins qui l'ont toujours trouvé en bonne santé alors que l'enfant était mal nourri, maigre à faire peur et malade depuis des mois. 

L'auteur a imaginé des interrogatoires avec les fantômes de ses hommes ordinaires qui sont devenus les assassins de cet enfant. Aucun n'avait conscience du tort qu'ils faisaient à cet enfant. Tous avaient conscience de faire un grand service à la Révolution. Tous ont commencé à oublier ce petit garçon qui croupissait au fond de cette chambre. Il était devenu une verrue pour tous. Suite à son témoignage contre sa mère et sa tante, plus aucune cour d'Europe ne voulait de cet enfant que l'on considérait comme un menteur et un débile. Ses oncles n'ont pas fait grand chose pour l'aider. Il ne restera que sa soeur pour le pleurer.

Et dire qu'ils vivaient à un étage l'un de l'autre ....

Un beau livre émouvant qui m'a donné envie de lire plus sur cette famille ... 

 

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